Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé que l’hebdo (qui n’en est pas tout à fait un) de FBO serait cette fois entièrement consacré à un Homme avec qui j’ai finalement peu travaillé, seulement 3 petites années, mais qui a profondément marqué la suite de mon parcours professionnel. Si j’ai choisi de vous parler de lui c’est qu’il s’en est allé ce mercredi et que pour beaucoup de ceux qui l’ont connu, pratiqué, respecté, admiré, aimé…il laisse un grand vide.
Si j’ai choisi de vous parler de lui cette semaine c’est non seulement pour lui rendre un hommage mais aussi pour évoquer un style de management, reconnu et respecté de tous ses collaborateurs proches ou moins proches ; pour autant un style certainement dérangeant pour des actionnaires froids et imperméables à d’autres critères que les seuls résultats financiers.
Il était exigeant sur la performance et jamais complaisant. Le budget disait-il c’est une promesse et une promesse ça s’honore.
Il était intransigeant avec les conditions de travail des collaborateurs, je me souviens qu’il avait suspendu les délégations d’intérimaires chez un de ses plus gros clients nationaux au prétexte que les conditions de sécurité n’étaient pas remplies.
Il était toujours curieux et à l’écoute, un midi ou nous déjeunions tous les deux dans un bistrot lyonnais, il découvre que la serveuse était une intérimaire d’Adecco, il lui demande quel était son dessert préféré sur la carte, le commande et lui dit ensuite de s’asseoir à notre table pour prendre son dessert avec nous et surtout pour l’entendre parler de son métier.
Il était innovant, en 2004, avec son équipe, il avait inventé les engagements réciproques entre Adecco, ses collaborateurs et ses clients, un projet d’entreprise qui donnait du sens et avait relancé le moteur de la motivation de manière exceptionnelle.
Il était attentif et bienveillant, lors de mon emménagement à Lyon il avait fait livrer des fleurs à ma femme, qu’il ne connaissait pas, pour lui souhaiter la bienvenue.
Cet Homme qui était aussi un militant pour l’emploi, pour la diversité, pour faire avancer la cause des Femmes en entreprise à une époque où ce n’était pas gagné, contre toutes les discriminations, à l’exception peut-être des cons, a été un très grand patron, chez Sodexho (et oui avec un H à l’époque) au Gabon, chez Central Interim puis Adia et Adecco dont il a été le directeur général.
Ce patron décalé, parfois caustique, jamais cynique, à été pour beaucoup un leader inspirant mais pas aux yeux de ceux dont le management froid et dominant du tableur excel et du cynisme l’ont « viré » comme un malpropre en 2006. Parce qu’il avait des convictions sur le développement de l’Entreprise, une certaine éthique des affaires et une grande considération pour ses collaborateurs, qui faisaient la réussite de l’entreprise au quotidien, il a payé de son job et de sa personne ces 15 dernières années.
Beaucoup l’ont plus et mieux connu que moi, nous n’étions plus qu’en contact lointain, mais j’espère au travers ce modeste billet avoir un peu fait renaître sa mémoire.
J’espère aussi que l’évocation de ses qualités et de son style auront soulevé quelques questions récurrentes sur des sujets aussi complexes que l’Humanisme dans le management, la reconnaissance et la considération des collaborateurs du plus élevé aux sans grades.
Gilles Quinnez aurait eu 65 ans en octobre, depuis 2006 il était discret et à chacun de nos contacts nous évoquions le parcours de quelques connaissances communes mais surtout il prenait des nouvelles de mes enfants et me donnait des nouvelles des siens dont il était si fier, Mayeul, Bastien, Valentine et Gabriel qui bébé ne cessa de pleurer en me voyant lors d’un séjour au ski…
Gilles a été emporté par ses démons, je souhaite à beaucoup de ceux qui le croiseront là-haut de profiter de sa bienveillance, de ses conseils, de sa vision et de sa très grande gentillesse.
Fais-moi signe quand ce sera mon tour que j’en profite aussi…